#Emploi : Les territoires ont des solutions !


Dans le cadre des travaux que je mène au sein de la délégation aux entreprises, et de l’évaluation de l’impact de la crise Covid, je suis allé à la rencontre des professionnels du recrutement et de l’insertion, afin de mieux comprendre le fonctionnement du marché de l’emploi audois et, ce « paradoxe français » d’un taux de chômage élevé malgré la persistance de pénuries d’employés dans de nombreux secteurs d’activité.


J’ai d’abord rencontré les responsables de deux agences d’intérim et de placement, l’une à Narbonne, l’agence Synergie qui accompagne les entreprises agricoles, de transport logistique mais aussi l’hôtellerie et la grande distribution, et, l’autre, à Carcassonne, l’agence Domino Care, spécialisée dans le recrutement de professionnels de santé et médico-sociaux, qui constitue un véritable plus pour le travail parlementaire.
Les interlocuteurs auditionnés m’ont fait part d’un marché de l’emploi en pleine évolution en raison des pénuries d’emplois auxquelles nombre d’entreprises font face, et plus particulièrement le manque de travailleurs saisonniers dans l’Aude. En cause notamment, les nouvelles règles sur l’éligibilité au chômage entrées en vigueur en décembre 2021 et mises en œuvre par la Ministre du Travail d’alors, Elisabeth Borne, qui ont conduit à des changements très défavorables aux saisonniers.


Alors qu’auparavant seules les périodes travaillées étaient comptabilisées, désormais, les périodes d’inactivité entre deux contrats sont aussi prises en compte si bien que les périodes non rémunérées font baisser la moyenne des salaires retenus pour le calcul du salaire journalier de référence quand, dans le même temps les conditions de rechargement des droits se sont complexifiées.
Désormais, pour ouvrir un droit au chômage, il faut désormais avoir travaillé six mois (au lieu de quatre auparavant) sur les 24 derniers mois or les contrats saisonniers sont souvent des contrats de 2 mois. J’ai dénoncé les effets de cette réforme de l’assurance chômage pour le million de travailleurs précaires qui ont vu leur allocation chômage baisser de 17% (chiffres de l’UNEDIC), et bien que les périodes d’inactivité aient été plafonnées pour atténuer cet impact, je persiste à penser que cette réforme est très pénalisante pour ceux qui enchaînent les contrats courts, si bien que nombre de ces travailleurs saisonniers ont déserté les secteurs qui ont recours aux contrats temporaires (tourisme, agriculture).
Force est de constater que, dans ces conditions, la relation au travail a aussi changé, tout comme les attentes des travailleurs à l’égard de l’entreprise, dans un rapport de force plus favorable au salarié, et on ne peut que s’en féliciter.


Pour autant, lorsque les offres sont pourvues, les difficultés rencontrées par les employeurs et les salariés du secteur de l’intérim pour l’instruction de leur dossier préalable au détachement par les services de prévention et de santé au travail sont manifestes, malgré les dispositions récentes introduites par la loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail. Les salariés intérimaires peinent en effet à obtenir dans les délais nécessaires un rendez-vous pour une visite médicale. En conséquence, pour les salariés intérimaires travaillant de nuit, comme pour de nombreux autres salariés, l’accès au service de santé au travail constitue un frein à l’emploi évident. Malgré cette récente réforme, le nombre de professionnels de santé demeure donc insuffisant pour accompagner ces salariés intérimaires.
C’est pourquoi j’ai alerté la Ministre du Travail, devenue depuis Premier Ministre, Elisabeth Borne, en lui demandant de mettre plus de moyens. Cette question est restée, à ce jour, lettre morte.


Au cours de ces visites dédiées à l’emploi, j’ai également été très chaleureusement reçu par le Président de l’association d’Aide Mutuelle à l’Insertion, M.Paul Cohen, et son Directeur, M.Samir Chergui, pour me présenter cette entreprise d’insertion, qui accompagne, forme et réinsère des personnes très éloignées de l’emploi ou demeurées longtemps sans activité, en les aidant à lever les freins à l’emploi. Je félicite cette association pour le travail réalisé avec l’aide d’un atelier de recyclage support à l’insertion ou encore des chantiers de réinsertion pour l’entretien des sentiers et forêts, auxquels nombre de communes audoises ont déjà eu recours. Agir pour l’insertion, c’est agir pour une société plus inclusive !


Exercer une activité professionnelle peut rendre difficile l’organisation du quotidien des salariés et de leurs familles, c’est pourquoi j’ai souhaité rendre visite à deux jeunes créatrices d’entreprises audoises, qui offre la possibilité aux salariés de concilier vie professionnelle et vie familiale. A l’origine de la création de 3 crèches interentreprises, deux à Carcassonne et une à Castelnaudary, ces professionnelles de la petite enfance, installées au cœur des zones d’activités économiques, proposent l’accueil des enfants jusqu’à trois ans, sur de larges amplitudes horaires. Un véritable atout pour les entreprises qui cotisent volontairement pour y réserver des places puisqu’elles permettent aux collaborateurs de mieux s’organiser, d’être plus disponibles et ainsi d’avoir un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle. En améliorant le bien-être des collaborateurs et de leur famille, la crèche contribue aussi à la performance des entreprises. Je tiens à saluer cette initiative 100% gagnant.