Fracture médicale dans les territoires


Qu’il s’agisse des territoires littoraux, comme de l’arrière-pays, de la ville comme de la campagne, le manque de professionnels de santé et d’équipements pèse de plus en plus fortement sur le département de l’Aude.
Dans ce contexte, les élus audois innovent pour assurer une couverture médicale minimale à nos concitoyens : maison de santé, mise à disposition de locaux, ou encore recrutement de professionnels ou tout autre forme d’incitation à l’installation et de soutien aux équipements.
Cette exigence de santé publique, et le lien de proximité qu’entretiennent les élus locaux avec le territoire, les conduisent à engager des dépenses considérables que ne devraient pas supporter les budgets communaux, et par là même les contribuables.
Ainsi, mon attention à été appelée par Monsieur Jacques HORTALA, Maire de COUIZA, suite au licenciement prochain des deux médecins généralistes, recrutés par la commune, pour pallier l’absence de professionnels de santé exposant, de ce fait, les habitants de ce bassin de vie à un risque évident de fracture médicale.

Elle soulève également la question de l’effort important, consenti par cette commune, pour répondre à des besoins qui dépassent largement les moyens dont elle dispose. Ce constat, valable dans d’autres territoires du département de l’Aude, appelle des réponses qui relèvent à la fois des politiques de santé publique et procèdent également de l’équilibre entre les territoires.

À titre d’exemple, le Tuchanais, mais aussi le pourtour du littoral ou encore Narbonne centre font face à une pénurie constante de professionnels, médecins comme infirmiers. Enfin, le Limouxin peine-t-il à obtenir un financement pour un scanner, indispensable au redéploiement de l’offre de soins hospitaliers à l’échelle du bassin limouxin et chaurien.

Faute d’offre médicale suffisante, en soins de ville comme en soins hospitaliers, il s’ensuit inévitablement une fuite de patientèle vers les métropoles montpelliéraine et toulousaine, laquelle génère, à son tour, une tendance au sous équipement en moyens médicaux dans le département de l’Aude.


Pourtant, les besoins sont importants et ainsi des équipements tel qu’un scanner et le renfort de professionnels hospitaliers pour en rentabiliser l’usage, renforceraient l’attractivité nécessaire à l’installation de professionnels de santé, y compris en soins de ville puisque ceux-ci sauraient pouvoir compter sur un réseau de soins structuré.

Qu’il s’agisse d’actions portées par les collectivités territoriales, d’initiatives des professionnels de santé (communautés territoriales de santé), ou encore des groupements hospitaliers territoriaux, l’offre de soin de proximité et les politiques de santé publique sont, comme la récente crise sanitaire nous le démontre chaque jour, des priorités essentielles pour nos concitoyens, qu’ils résident en ville ou en secteur rural.

Ainsi, la problématique médicale devient un enjeu d’aménagement du territoire, qui dépasse les limites des seules politiques de santé publique ou les caractéristiques spécifiques à la ruralité, que les élus locaux de l’Aude ne peuvent plus assumer seuls.

Et, il en est de même pour les équipements à destination des personnes âgées, pour lesquelles les volontés locales des élus, au plus proche des demandes du terrain, ne sont pas accompagnées, et ce, malgré les demandes croissantes liés à la dépendance.

Si je me permets de réunir ces questions qui relèvent à la fois du maillage en professionnels de santé, mais aussi des équipements médicaux et structures de soins, c’est parce que nos concitoyens envisagent leur santé dans leur globalité, quels que soient les âges de la vie et leurs fragilités, et, bien qu’ils aient confiance en leurs élus locaux, ceux- ci ne sont pas en capacité, dans les conditions actuelles, de garantir l’accès aux soins.

Dès lors, je compte interroger le 21 septembre 2021 prochain, lors de la séance des questions d’actualité au Gouvernement, Madame Geneviève GOURAULT, Ministre chargée de la cohésion entre les territoires sur les propositions concrètes du Gouvernement pour accompagner les élus de notre département à lutter efficacement contre les déserts médicaux.

Il n’est pas concevable que la santé des Audois soit menacée ou ne devienne une manne financière pour le seul secteur privé, pas plus qu’il n’est envisageable que le département de l’Aude ne soit délaissé, au profit des métropoles voisines fortement dotées. Ne pas agir serait signé la fin d’une offre médicale accessible à tous, pire renoncer à se saisir de cette question ne fait que renforcer la tendance actuelle à la désertification médicale.