A la tribune du Sénat, pour ma première intervention, je défends le budget agricole dans le projet de loi de finances pour 2021


Mes initiatives pour une agriculture qui valorise le travail des hommes et des femmes, au service de notre souveraineté alimentaire

L’agriculture c’est aussi l’histoire d’hommes et de femmes au destin marqué par le travail de la terre, et on ne peut se questionner sur les questions agricoles sans aborder un point qui me semble central, pour avoir demain des paysans et des paysannes français fiers de leur travail et de la contribution qu’ils apportent à l’exercice de notre souveraineté nationale.

 

C’est d’ailleurs tout le sens de mon intervention lorsque j’ai défendu, à la Tribune du Sénat, pour la première fois, le budget agricole dans le projet de loi de finances le 1er décembre 2021 pour une agriculture plus protectrice pour les exploitants agricoles, plus respectueuse de l’environnement et résolument résiliente pour faire face à la crise sanitaire et environnementale.

1 décembre 2020 : ma première intervention à la tribune du Sénat porte sur le budget agricole de la France

https://www.dailymotion.com/video/x7xtnbr
https://www.youtube.com/watch?v=bBpTCoIVVLQ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Texte de l’intervention, au nom du groupe socialiste et républicain, à l’occasion de l’examen au Sénat du projet de loi de finances 2021 sur le budget  Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales, Compte d’affectation spéciale : développement agricole et rural, parue au Journal Officiel de la République Française

 

 

« La crise sanitaire, que nous traversons, est sans précédent et n’épargne, hélas, aucune filière, j’ai pris l’initiative d’intervenir, courant décembre 2020, en séance publique, au nom de mon groupe parlementaire, lors de l’examen du budget agriculture du projet de loi de finances 2021, sur ce sujet précis afin de défendre l’agriculture que nous voulons, respectueuse des Hommes et de la Terre, fruit de nos terroirs et expression de la qualité des produits qu’espèrent les consommateurs.

 

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la crise sanitaire n’a pas épargné le monde agricole, qui en sort plus que jamais fragilisé. Inutile de se voiler la face toutefois, l’agriculture française était déjà en souffrance avant même la crise sanitaire.

Il en est ainsi de la filière viticole dont je suis issu. Victimes collatérales du conflit sur l’aéronautique entre l’Europe et les États-Unis, ses exportations vers ce pays ont diminué de 35 %. Les restaurants sont fermés, tous les salons sont annulés, les ventes sont à l’arrêt et les pertes financières sont colossales.

Ce secteur d’excellence est à genoux. L’aide pour la distillation de crise n’a pas été assez importante, monsieur le ministre.

Or, à l’inverse de nombreux secteurs économiques, les entreprises viticoles et agricoles dans leur ensemble n’ont pas eu recours au chômage partiel, étant obligées d’assurer la continuité de la conduite de leur exploitation. Les prêts garantis par l’État souscrits ne pourront être remboursés à court terme.

Les mesures de soutien à la filière que vous avez prise n’ont pas atteint correctement leur cible.

Il aura fallu l’unanimité des groupes, sur les bancs de l’Assemblée nationale et sur les travées du Sénat, pour faire adopter un amendement relatif à l’exonération de charges patronales pour les salariés du secteur viticole que le Gouvernement a refusé. Pourquoi s’y être opposé ? Pourquoi avoir refusé d’étendre cet allégement de charges à l’ensemble des filières agricoles ?

Dans ce contexte, le budget pour 2021 était très attendu par la profession, car elle nous demandait des réponses précises, des moyens mobilisables immédiatement. Or les démarches administratives pour l’accès aux aides agricoles sont d’une sombre complexité. Que comptez-vous faire pour les simplifier, monsieur le ministre ?

Le monde paysan est en grande souffrance. Un agriculteur sur cinq n’a pas de revenu, les jeunes sont endettés jusqu’au cou et les retraités vivent avec des pensions honteuses. Allons-nous continuer à accepter que, chaque jour, un agriculteur se suicide en France ? C’est inadmissible !

N’avons-nous pas été touchés au cœur par le film Au nom de la terre, qui a rendu publique la détresse des paysans enfermés dans un système obsolète, que vous avez et que nous avons tous ensemble, ici, la responsabilité de faire évoluer ?

Est-il normal que, plutôt que de leur transmettre leurs exploitations, les agriculteurs incitent leurs enfants à changer de métier, laissant place à la spéculation foncière et à la financiarisation de l’agriculture ?

La souveraineté alimentaire de la France est mise à mal, la moitié de ce que nous mangeons est importé. La « ferme France » doit évoluer structurellement. Autant vous dire, monsieur le ministre, que nous en sommes encore loin.

Répondre à l’urgence est une priorité dans la période actuelle. De ce point de vue, je veux le souligner, votre investissement est très important pour les filières.

Le constat est implacable : pandémie, réchauffement climatique, épuisement des ressources, effondrement de la biodiversité… L’heure est grave !

Or, avec les accords de libre-échange, vous engagez nos exploitants sur la voie d’un dumping tarifaire déloyal. Pour compenser la baisse des prix, ils doivent produire toujours plus, dégradant la fertilité des sols et la qualité nutritive des productions. Les ventes de pesticides ont bondi de 25 % l’année dernière et la biodiversité s’effondre.

En dix ans, deux tiers des insectes ont déserté les champs, ce qui a un impact à la fois sur la pollinisation et sur la régulation des parasites, nécessaire à la protection des plantes contre des ravageurs et autres maladies.

Monsieur le ministre, profitons de la crise sanitaire pour élaborer un nouveau paradigme agricole. Sortons des incantations, passons aux actes !

L’agriculture de demain sera celle du vivant, elle sera une agriculture résiliente, qui permettra une plus juste rémunération de nos paysans. La loi Égalim, censée nous permettre d’atteindre ces objectifs, déçoit pour l’instant.

Ce changement que nous appelons de nos vœux devra permettre également aux exploitants de trouver des solutions de remplacement soutenables économiquement. J’ai du mal à le percevoir dans ce budget.

Les crédits du Casdar baissent, comme ceux de la PAC, et l’agroécologie ne se verra allouer que 494 millions d’euros au titre des contreparties de la PAC. Cela étant, les 1,2 milliard d’euros prévus dans le plan de relance sont une très bonne nouvelle, monsieur le ministre, mais je crains que ce ne soit du one shot !

Pour réussir la transition, il faut du temps. Or, une fois le coup de pouce du plan de relance passé, les efforts risquent de retomber comme un soufflé.

Pour conclure, je vous propose de faire de la transition agroécologique un outil de souveraineté alimentaire en investissant prioritairement dans la recherche et l’innovation, afin de repenser nos systèmes agricoles et de protéger la santé des agriculteurs, des consommateurs et de notre planète. » (Bravo ! Et applaudissements sur les travées du groupe SER.)

COMPTE RENDU INTÉGRAL DE MON INTERVENTION A LA TRIBUNE : http://www.senat.fr/seances/s202012/s20201201/s20201201010.html#orat18