Pour une agence de protection de l’environnement et du développement durable en Méditerranée


On ne peut ignorer longtemps les très fortes menaces d’anthropie qui pèsent sur la mer méditerranée, lesquelles s’accélèrent avec le changement climatique, en faisant peser des risques majeurs sur tout l’écosystème marin et côtier.

Seule mer au monde entourée de trois continents, la Méditerranée est bordée de régions très urbanisées qui concentrent plus de 500 millions d’habitants et qui accueille 360 millions de touristes par an (soit 27 % du tourisme mondial).

« Hot spot » de biodiversité, l’espace méditerranéen est aussi une des régions au monde comprenant le plus grand nombre d’espèces endémiques, plus du tiers des 7.300 espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN.

Et pourtant, l’Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes vient de publier un rapport particulièrement alarmant faisant état d’un effondrement sur les 30 dernières années des populations de vertébrés du bassin méditerranéen : « baisse de 20% entre 1993 et 2016,et même de 52% dans les écosystèmes marins (pélagiques et côtiers) et de 28% dans les écosystèmes d’eau douce (zones humides et rivières) ». Sur les 775 espèces étudiées, 300 sont en déclin, comme le thon rouge ou encore l’ange de mer, en danger critique d’extinction.

J’ai alerté la Ministre de la Transition Écologique sur les risques qui pèsent sur la Méditerranée, en grave danger du fait de ces facteurs cumulés, car la surpêche n’est pas, et de loin, la seule menace pesant sur la faune méditerranéenne. L’urbanisation, les pollutions, l’agriculture intensive, les barrages, l’artificialisation des cours d’eau et le changement climatique ont des conséquences tout aussi désastreuses sur la biodiversité. Le phoque moine de Méditerranée, l’espèce de phoque la plus rare au monde, a ainsi quasiment disparu en raison du bétonnage et du développement touristique des côtes.

Ainsi, cette poussée démographique le long des littoraux, couplée avec des structures d’assainissement insuffisantes et avec la multiplication de pollutions sur l’ensemble du bassin va conduire à l’atteinte d’un « point de non-retour à l’horizon 2030 » et ce, alors même que la population bordant la Méditerranée devrait encore augmenter de 182 millions d’ici à 2050, soulignait déjà mon collègue et ami Roland Courteau, dans un rapport rédigé au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

Dès lors, la Ministre compte-t-elle, à la lumière de cette étude conduite par l’Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, mobiliser en urgence ses homologues européens et encourager, dans le cadre des programmes de coopération Nord/Sud, à la création d’une « Agence de Protection de l’Environnement et de promotion du développement durable en Méditerranée » ainsi que le préconise le rapport de l’OPECST, établi voilà plusieurs années ?

J’attends encore sa réponse…